Que recommandez-vous pour lutter contre ce genre de déviations du système ?
Il faut un patron qui incarne l'activité. Il y a toujours eu des gens qui avaient un projet, et donc qui projetaient des choses en avant et qui incarnait leur boîte. Aujourd'hui on a des patrons qui sont technocrates, qui sortent de L'ENA, HEC mais qui n'ont pas forcément le charisme nécessaire. Pour incarner une boîte, il faut l'aimer et il faut avoir des mots. On a crée des dispositifs d'intervention auprès des salariés car on a eu affaire à des patrons qui ont écouté leurs employés alors qu'avant ça n'existait pas, le patron se demandait où il pouvait trouver de l'assistance pour ses salariés en souffrance. La loi Fillon est très claire : « l'employeur est responsable de la santé mentale et physique des salariés ». Ce qui est législatif marche ! Il faut faire un audit sérieux et interviewer un certain nombre de gens. Le patron doit savoir ce dont ses employés ont besoin. Il faut savoir repérer quand ses salariés souffrent ! Peut être faut-il reformer les patrons et managers ? Les initiatives prises sont très secrètes, personne n'en parle. Pour l'instant, la question reste donc en suspens. Mais tant que les patrons ne mettront pas les mains dans le cambouis certaines choses ne vont pas évoluer.
Vous faites aussi des groupes de paroles...
Le groupe de parole c'est complémentaire. Par exemple, dans une banque où un cambriolage a eu lieu, aussi bien les clients que les salariés ont été agressés, on va séparer les clients des salariés : un groupe pour chaque catégorie. Apres il y a le groupe d'analyse de la pratique professionnelle : il est destiné à des intervenants sociaux sur une période d'un an. Au cours de la séance, qui a lieu une fois par mois, on fait le bilan sur tout ce qu'il s'est passé : le négatif, comme le positif. Il y a un véritable travail de communication : un des avenirs de ces groupes de paroles se destine à l'entreprise. Pour l'instant, ces groupes d'analyse sont destinés uniquement à des personnes qui sont dans le secteur social. Le jour où on arrive à transposer ces groupes de paroles à l'entreprise et ses différents services, nous ferons parler les uns et les autres. Cela permettra de lutter de manière efficace contre le harcèlement et tout autre problème de ce type. En donnant la parole à un groupe, vous pouvez déceler ce qu'il s'y passe, et en communiquant, les gens seront plus soudés.
Comment vous contacte-on en cas d'agression? Quel est le fonctionnement du cabinet ? Comment se procure-t-on le numéro vert ?
Il est acheté par des sociétés et mis à disposition des salariés de la boîte par communication interne, quelquefois par la direction ou par les C.E. Dès que l'appel est reçu, nous intervenons dans les 48 H car c'est très important que les gens ne rigidifient pas ce qui leur est arrivé. Le risque c'est que s'il y a une fragilité au moment où l'agression a eu lieu, dans la tête de la victime, tout le monde va devenir dangereux. Il ou elle va se méfier de tout le monde. C'est comme le caillou qu'on lance dans l'eau calme. L'agression c'est le même principe, il faut que tout redevienne calme. Notre but est donc de permettre à la personne d'évacuer ce qui lui est arrivé, et pour ca il faut intervenir au plus tard dans la semaine. C'est contractuel d'intervenir dans l'urgence. Nos secteurs s'étendent de Lille à Marseille et de Nantes à Nancy.
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