Le débat a agité la classe politique et la société toute entière pendant plusieurs mois. La mission parlementaire, mené par Eric Raoult et André Gérin, est finalement arrivée à cette conclusion : le port du voile intégral (aussi appelé "burqa" ou "niqab") menace la sécurité publique et va à l'encontre des valeurs de la République. "Au nom de la laïcité, expliquent les deux députés, aucune femme ne devrait voiler son visage aux regards des passants." Certains hommes politiques vont plus loin et parlent même de grave atteinte à la dignité de la femme.
De nombreuses voix se sont alors fait entendre parmi les femmes voilées de la communauté musulmane. Ces femmes revendiquent le droit de porter le niqab comme signe de respect envers leur religion. C'est une choix personnel, affirment-elles, personne ne nous oblige à dissimuler notre visage. Mais peut-on vraiment les croire lorsqu'on sait que bien souvent, ces femmes subissent des pressions depuis leur plus jeune âge ? L'intégrisme religieux de certaines communautés est tel que ces femmes ne semblent plus en mesure de faire de libres choix.
La question est d'autant plus complexe qu'elle touche à la religion et à la morale. Or, comment légiférer sur une question morale ? Autoriser le voile, clament certains philosophes, c'est faire un pas en arrière dans notre civilisation, c'est bafouer l'action de ces femmes en Iran qui se battent pour sortir dans la rue le visage découvert. La France a-t-elle le devoir de protéger ces femmes d'elles-mêmes ?
La question de la sécurité est l'argument le plus commode. En effet, un niqab peut dissimuler des armes et l'identité de la femme qui le porte. Mais le vrai débat n'est pas là. C'est la question des libertés individuelles qui se pose au législateur. Interdire à une femme de se voiler le visage, n'est-ce pas aussi une atteinte à sa liberté ? Et comment déterminer si le choix du niqab est un choix personnel et réfléchi ? Les députés n'ont pas encore tranché, preuve que cette question n'a pas fini de susciter les débats les plus passionnés.
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