Écrire revient souvent à mettre des mots sur les maux. Bien sur que l'on peut écrire sur le bonheur, les joies de l'existence... mais en général, dans les moments heureux de nos vies, on vit justement. Pas le temps, pas l'envie de mettre ses sentiments, ses émotions par écrit. Les vivre et les penser suffisent. L'idée, la nécessité de coucher sur papier ce que l'on ressent, de commencer ou reprendre un journal intime, de créer un blog, s'imposent la plupart du temps lorsque l'on traverse une période difficile, de crise, lorsqu'on se trouve submergé par des émotions négatives, voire destructrices. Le journal intime, et dans sa version moderne, le blog, nous aide a traverser les remous de l'existence, les crises et les remises en question. Ecrire peut servir à contrer le destin, reprendre la main mise sur une histoire imprévisible, des évènements qui nous échappent, nous font souffrir. Blogs et journaux intimes devenant pour certaines personnes de véritables anxyolitiques.
Dans la vie, c'est la réalité qui nous gouverne. Mais sur le papier, dans l'écriture, les événements se déroulent selon notre volonté. Elle nous aide à nous réapproprier une certaine puissance, maîtrise de nos vies, de nos sentiments. A renouer avec notre moi profond, inavouable parfois, à retrouver notre capacité à prendre de la distance face à tel ou tel évènement, émotion, à essayer de les comprendre et de les apprivoiser; d'améliorer ce qui peut l'être et de se libérer.
Sans obligation aucune à l'exactitude, au factuel, l'écriture permet de retracer moins la réalité, qu'une certaine vérité, celle de nos émotions. Faire allusion à des souvenirs parfois douloureux remontant du passé, les relier au présent, leur donner sens, se tricoter une version acceptable de faits, d'évènements que l'on a du mal à comprendre sur l'instant, échapper à la mise à nu, parfois violente, insupportable, de la parole, de la verbalisation à voix haute. L'écrit convoque l'intime et requiert le silence. La relecture, induisant un temps de latence du texte, aussi. L'écriture permet de ménager de la distance entre le ressentit du moment, sa mise en mot, et son interprétation. En relisant son blog, son journal, on prend parfois conscience de la diversité et de la richesse de nos émotions, de nos vies, on arrive à minimiser un évènement, des états-d'âme, une affliction liés à un instant T. Véritable catharsis, l'écriture a un aspect thérapeutique. Pour preuve, tenir un journal, y relater ses rêves, ses émotions, est une activité proposée par bon nombre de psy dans le cadre d'une thérapie.
Dans l'écriture, on est à la fois acteur et spectateur de ses émotions. Il ne s'agit pas de tout raconter. Mais de mettre en lumière, à jour, en mots, ce qui nous semble important. S'y établit une sorte de hiérarchie des émotions qui échapperont à l'oubli, l'écrit étant aussi le moyen par excellence de transmettre et convertir la pensée et l'état d'esprit du moment en mots alignés sur un morceau de papier qui les figera à l'abri du temps et de l'oubli.
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