Si les premiers blogs sont apparus aux Etats-Unis en 1990 sous la forme de carnets de bords recensant les meilleurs site web choisis pour leur pertinence par leurs auteurs agrémentés de commentaires, et ont mis près de 15 ans à s'imposer, en cette fin d'année 2009, on dénombre près de 28 000 000 de blogs et 18 000 000 de profils sur Skyrock blog (sources émanant du site lui-même, anciennement Skyblog, première plateforme de blogs en France, créée en 2002). Ados, artistes, mères de famille, hommes politiques, buziness men, entreprises, monde associatif, universitaires, modeux, spécialistes de l'information, personnes en recherche d'emploi, se sont emparés de cet outil communicationnel moderne de masse, le concept blog étant assez vague pour autoriser toutes ces utilisations.
La notoriété des blogs a explosée en 2003, grâce à ceux tenus par les journalistes incorporés dans l'armée US, puis les militaires américains eux mêmes, lors de la seconde guerre du Golfe. Ces warblogs ont donnés aux internautes du monde entier l'impression d'une liberté de ton et d'émancipation unique au regard des éditoriaux et supports médiatiques classiques et à leurs informations langue-de-bois.
Le blog est aujourd'hui un véritable phénomène sociétal devant essentiellement son succès à sa facilité de publication, sa liberté éditoriale et sa capacité d'interaction en temps réel rédacteur/lectorat. Même s'il existe une certaine fracture numérique entre les générations, qui n'ont pas toutes ni les moyens ni l'envie de s'approprier le Web de cette manière, la tendance du blog s'étend pourtant jusqu'aux plus âgés, les seniors n'hésitant plus aujourd'hui à partager leurs expériences de vie et leurs regards avec le plus grand nombre via cet objet communicationnel mondial et intergénérationnel.
Qui, combien?
Si certains blog à usage privés, familiaux, amicaux, sont limités à des membres identifiés détenteurs d'un code d'accès, dans la grande majorité des cas, ils sont libre d'accès, à l'image d'une vitrine de magasin visitée par des inconnus, les « anonymes » selon la terminologie web, et peuvent donc être lus par tout le monde.
Venus de tous horizons, et même de contrées lointaines (voire sauvages) grâce au moyen de traduction (parfois aléatoire, il convient de le préciser) mis automatiquement en ligne à disposition des internautes, le nombre de lecteurs d'un blog est d'une extrème variablilité, bien plus importante que celle du nombre de lecteurs d'un livre, mais signe néanmoins sa popularité. De par la force et la rapidité des échanges sur le web, un blog peut acquérir une notoriété au sein de la communauté à laquelle il appartient en très peu de temps. Et généré un important trafic (nombre de visites). A contrario, plusieurs milliers de blogs disparaîssent chaque mois de la toile, faute de lecteurs.
Une révolution éditoriale et communicationnelle?
A la création du blog, lecteurs et auteurs entreprennent de facto une sorte de contrat implicite régissant un certain nombre de paramêtres de base : part du réel, de la vraie vie, sujets abordés, angles, régularité des chroniques, exhibition antéchronologique (la plus répandue, le dernier post apparaîssant en début de blog) ou chronologique des billets, modération des commentaires. Car attention, selon la législation française, le blogueur est légalement responsable de ce qui est affiché sur son site et doit donc, dès qu'il a connaissance de commentaires non conformes à la législation, supprimer les commentaires en question.
Sur un blog, la possibilité qu'a le lecteur de commenter chaque billet modifie cependant considérablement ce que l'on appelle communément le pacte autobiographique, ce lien plus ou moins implicite en matière d'autobiographie qui régit les échanges écrits entre auteur et lecteur : exigence de vérité pour l'auteur, jugement loyal et équitable pour le lecteur-commentateur. Sur son site Autopacte, Philippe Lejeune définit l'autobiographie comme un « récit rétrospectif en prose qu'une personne réelle fait de sa propre existence, lorsqu'elle met l'accent sur sa vie individuelle, en particulier sur l'histoire de sa personnalité ». Cette définition colle parfaitement à la peau (skins, templates, habillages) des blogs, la majorité d'entre-eux se formant autour des état-d'âmes, affects, choix, idées propres à leurs auteurs, s'utilisant donc essentiellement à des fins d'auto-représentations. Auto-représentations en prose, agrémentées aujourd'hui de tout un arsenal technologique en rendant la lecture d'autant plus agréable, intéressante, interactive : photos, vidéos, web-cam.
Utiliser un blog semble le meilleur moyen aujourd'hui de se définir une identité en ligne, voire une identité, d'interagir avec autrui et de partager cette identité virtuelle avec le plus grand nombre possible. La presse et l'opinion populaire sont du reste parfois promptes à fustiger l'égocentrisme de ces pratiques. Pour autant, la lecture de blogs n'étant pas encore rendue obligatoire dans les textes de lois régissant la Ve République, chacun est libre d'étaler ses humeurs, coups de coeur et coups de gueule aux grès de la toile, d'autres de les lire et de les commenter, pour le plus grand « bonheur » de tous.
Notre sélection de blogs mode : www.thecherryblossomgirl.com, www.garancedore.fr, www.cachemireetsoie.fr, www.vertcerise.com, www.leblogdebetty.com, www.penseesderonde.fr, www.penelope-jolicoeur.com.
Pour mieux comprendre ce phénomène, nous vous invitons à lire le Portrait de Femme Femmezine de Kenza, une jeune et jolie blogueuse trendy de 23 ans, qui nous parle de son blog semi-professionnel : La revue de Kenza.
Tenir un blog juste pour raconter sa vie, à moins que celle-ci soit vraiment exceptionnelle, je ne trouve pas ça très intéressant. Ca peut même devenir limite malsain.
- Répondre
Permalien