Dans le livre comme dans la vie, pas d'échappatoire?
Captif de cet intangible, le coeur, quand il aime, aime quoi? C'est ce qu'à travers ses romans, ses nouvelles, les paroles des chansons qu'il écrit pour Johnny, Eddy, Michel (Delpech), Maréva (Galanter), son journal sur le net, son premier court-métrage diffusé sur Arte à Noël dernier, Jérôme Attal semble inlassablement nous poser comme seule et unique question qui vaille, la peine, le coup. C'est ainsi, parfois, par la grâce d'une écriture, qu'une chanson, qu'un texte, qu'un roman deviennent le lieu privilégié où est rendue visible, sensible, perceptible, intelligible, une certaine continuité du dedans et du dehors, où s'échangent et se mêlent l'interne et l'externe, l'intime et l'universel. C'est le cas de "Pagaille monstre", un roman à découvrir comme un espace interieur - celui de l'auteur, du narrateur - prolongé en espace extérieur - celui du lecteur. Un espace précisément comme un lieu d'expérience devenant spéculatif par excellence, puisque vous aurez la liberté de décider des chemins empruntés par le narrateur. Un roman comme l'exacte équivalence de la vie pour pénétrer, par la virtuosité d'une écriture, dans une sorte de plénitude verticale du sentiment. Un roman où le contour des pages s'identifient rigoureusement aux contours d'un miroir dans lequel, tel un narcisse un peu inquiet, au travers de vos choix, vous découvrirez votre propre image se refléter.
C'était juste pour rire...
Pas pour toujours, rassurez-vous! Car dans ce roman, contrairement à dans la vie, vous aurez la possibilité de revenir sur vos lachetés, vos moments d'égarement, d'ivresse, de déprime, vos ratages, vos échecs, vos rencontres avortées. Ici, vous allez vivre une histoire d'amour dans laquelle vous pourrez enfin vous ménager un écart au monde, des arrêts sur image pour réfléchir, raison garder, ne pas rester pétrifié devant l'objet de votre désir, de votre propre vertige. Ne pas finir en Kennedy le pied bloqué sur l'accélérateur de votre Simca bloquée elle sur Radio Nostalgie fonçant tout droit sur un idiot de poteau dans une vulgaire station balnéaire légèrement surannée. Non! Tirer le frein à main, ouvrir la portière, jeter Clémence - avec qui vous vous êtes retrouvé embarqué sur un malentendu - par terre, foncer retrouver Stéphanie, puis penser à Ariane, changer d'avis au milieu du chemin, appuyer sur la touche accélérateur, ou pause puis rewind, foncer en avant, revenir en arrière, revenir sur ses pas, rater ses rencontres en ayant un peu plus loin la possibilité de les réussir, passer à côté de quelqu'un, perdre quelqu'un d'autre de vue, les retrouver plus loin, redescendre l'escalier, trouver une meilleure répartie, réécrire votre texte, recommencer la scène, ouvrir les fenêtres, créer un appel d'air, respirer.... jusqu'à se ménager un regard qui serait autre chose que captif, qu'obsédé, qu'abimé dans la rencontre de l'autre. Autre chose qu'une pure pulsion du regard qui n'y voit rien. Tentant? Alors, allez-y, tentez, amusez-vous, régalez-vous, en gardant bien à l'esprit que dans ce roman, on ne rencontre jamais que son propre regard. Lequel exactement? C'est ce qu'il vous reste à découvrir.
" Pagaille Monstre ", de Jérôme Attal, 288 pages, 17 euros, Stephane Million Editeur. Sortie : 04 février 2010.
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Le journal de Jérôme Attal en ligne, 1998 - 2010 : www.jerome-attal.com
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