Au tout début du film, l'opération qui consiste à rallonger ou épaissir le pénis d'un homme. Témoignage sans concession et néanmoins bouleversant d'un homme venant de subir cette opération, avec des silences et des regards qui en disent long sur les contradictions qui l'habitent et motivent sa démarche. En miroir, le témoignage du chirurgien, tout aussi éclairant : « Un centimètre dans le pénis c'est un kilomètre dans la tête ». L'angle est dès le début du film pleinement assumé, pose le film : cette violence sociétale et individuelle faite aux femmes est également une violence que les hommes subissent, se font subir, indirectement, en s'enfermant dans des clichés de masculinité et de virilité archétypales, caricaturales, une posture méprisante et humiliante pour l'individu en général comme pour l'ensemble de l'humanité, tout genre confondu. Autre moment fort du film, la séquence d'anthologie dans un magasin de jouets ou le vendeur nous explique très calmement sa vision du monde des enfants : « Les filles elles vont imaginer à partir d'une cuisine ou quelque chose d'existant, alors que les garçons vont plus se créer tout un monde, avec des personnages. (...) Ils créent beaucoup plus leur imagination, avec vraiment n'importe quoi. (...) Là on arrive aux déguisements pour les petites filles. On est toujours dans les princesses. Pour être la plus belle au bal. (...) Chez les garçons il y a les héros, l'espace, police, cowboys... Chez les filles ça reste toujours principalement princesse. Vu que c'est des princesses, les princesses n'ont pas de pouvoirs spéciaux. Donc elles se prennent juste pour la plus belle, la plus belle de la soirée et elles sont très contentes comme ça. ». Sans commentaires.
Plus loin, les images de violence conjugale subie par certaines femmes, chiffre à l'appui, filmées sans pathos. Impossible de minimiser, d'ignorer, de détourner le regard. Au-delà des images, les témoignages de ces femmes, leur détresse, mais aussi les sentiments paradoxaux qui les habitent également, les poussant à rester, subir les coups, voire continuer à aimer le partenaire maltraitant, sont aussi très émouvants. Et surtout, point d'orgue du film, le témoignage bouleversant d'un « homme violent » comme il le répète lui même, que l'on découvre en premier lieu au travers d'un gros plan sur ses mains charpentées, puis sur son visage et la manière dont il nous raconte comment il a pris un jour conscience de sa fragilité. Puis décidé de se soigner, avant de s'ouvrir plus largement à la question de la place des femmes dans nos sociétés : « Je suis un homme violent. Je me rappelle les première fois où j'ai dit « je suis un homme violent », juste de le dire... ça m'envahissait. Je me disais ça se peut-il que je sois rendu là, à admettre ça. J'avais beau le savoir, j'avais beau l'admettre, mais quand on rentre dans le moi y'avait quelque chose qui disait ça se peut pas, je suis pas ça ! Bien que je l'admette, j'avais pas encore fini de découvrir à quel point je l'étais. (...) Quand je suis arrivé en thérapie ce que j'aurais voulu faire : convaincre le thérapeute que c'est elle et puis qu'il me dise : « Ah oui t'as raison, toi t'es un bon gars! Elle, envoie moi là, on va l'arranger. Ça a été long avant d'échapper à cette croyance là. Le déclencheur c'est pas l'autre, le déclencheur c'est moi. (...) Croire à l'égalité, c'est peut être ça le grand défi de l'humanité, autant pour les hommes que pour les femmes... (...) Ça va prendre combien de temps qu'on démêle ça ensemble ? Mais on a envie de le faire. Moi j'ai envie de le faire, essayer en tous cas» conclut-il avec humilité et conviction dans un dernier sourire.
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