Pas d'issue ?
Un jour, tout ça va exploser, et là se sera intéressant. A moins que le mot « liberté » disparaisse de nos dictionnaires avant, et les artistes avec. J'en suis convaincu, et là se sera trop tard pour réagir. Les vrais artistes vont disparaître, ils seront considérés comme des terroristes, c'est une certitude.
Qu'est-ce que c'est qu'un vrai artiste à vos yeux ?
Un vrai artiste œuvre pour aider les autres, par amour des autres. Les créations d'un véritable artiste ne se limite pas à son art, il œuvre dans de nombreux autres domaines.
Votre situation est un peu paradoxale, parce que vous avez une vraie notoriété, vous êtes entré en mars 2007 dans le Top 10 de la critique d'art Britannique Rebecca Wilson, du "Saatchi Magazine", vous avez exposé dans le monde entier, au Louvre, au MoMA de New York, à Los Angeles, au Japon, il y a un parcours, une carrière, une œuvre, des collectionneurs, des ventes, du succès...
Ce n'est pas ma carrière, c'est ma vie. Et effectivement, il y a eu tout cela. Mais en même temps, aujourd'hui, je suis un sans domicile fixe, je vis avec ma compagne avec qui je suis depuis 26 ans dans des meublés, je n'ai plus d'atelier. Et je suis fatigué. Je n'ai pas les moyens de réaliser certaines de mes oeuvres. Je n'ai jamais vraiment été un homme d'argent. En 1995, quand j'ai donné pour un franc symbolique soixante-dix de mes peintures « Ombres » pour la lutte contre le SIDA, j'ai eu le sentiment d'avoir été complètement exclu, personne ne s'étant intéressé de savoir pourquoi j'avais fait cette série durant huit ans, pourquoi je ne vernissais pas mes toiles, pourquoi je n'immortalisais que l'ombre des personnalités qui posaient pour moi, ou pourquoi encore j'avais décidé de les donner à une association. Non, tout le monde c'est comporté comme des « fans » de Gainsbourg, Petrucciani, Catherine Deneuve, l'Abbé Pierre, Anthony Quinn, Kirk Douglas, Cher, Liza Minnelli, Leonardo DiCaprio, Oliver Stone, Lauren Bacall, Gérard Depardieu ou des 200 autres personnalités. Moi, j'étais juste le mec qu'on appelait pour changer les ampoules quoi ! Je n'ai jamais eu un comportement de fan avec ces gens-là moi, ou un valet de chambre. Il y a eu des rencontres très intéressantes pour moi, mais je n'ai jamais été un opportuniste. Je suis un artiste, l'art c'est autre chose, c'est différent. J'ai été déçu de cette étape, dans l'avenir je ne donnerai plus à des associations.
Et pourtant, l'art c'est votre vie !
La création, pour moi c'est une maladie. Je ne peux pas faire sans et en même temps ça m'épuise, ça me saoule, ça me hante, je ne peux pas ne pas y penser, c'est en moi. Il n'y a pas de vacances. Jamais. Et encore, ce n'est rien ce que j'ai fait, j'ai peu créé, par faute de moyens. Je le regrette car j'ai tellement d'oeuvres en attente, dans ma tête. On est dans un système où tout se produit, les pièces de théâtre, les films, la danse, les comiques, les écrivains. L'art contemporain, tu dois te débrouiller tout seul. Quand je reçois une oeuvre, parce que c'est comme cela que je définis mon travail, c'est comme une sorte de flash, je reçois une image et je reçois le titre de l'oeuvre en même temps, une fois donc que j'ai reçu l'oeuvre, dans les cinq minutes qui suivent, je budgétise ! Combien cela va coûter à faire, créer, mettre en place. C'est horrible, mais c'est comme ça, on ne peut pas passer à côté de ça. j'ai tellement de projets et d'oeuvre en attente...
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