De l'épineuse question d'un gêne musical ?
Est-ce que le gène de la musique existe ? C'est ce que l'émergence météorique sur la scène musicale française de ce prodige trentenaire anglais tendrait à prouver! Charlie Winston, né en Cornouailles en 1978, fut élevé dans le sofolk par des parents propriétaires d'un hôtel et néanmoins chanteurs folk. Il faut croire que le petit Charlie ne fut pas le seul à recevoir en cadeau dans son berceau cette inclination pour l'univers musical, puisque ses deux frères, Tom Baxter et Joe Spencer Gleave, et leur soeur Vashti, sont tous chanteurs ! Le déjeuner dominical chez les Winston devait valoir son pesant de cacahouettes! D'autant que les parents, visionnaires, n'hésitèrent pas a donner à leur naissance à chacun de leurs 4 enfants des noms qu'ils pourraient utiliser sur scène! Ils aimaient Charlie Chaplin - qui en plus du comédien était aussi un remarquable musicien, violoniste, pianiste, et qui composait la musique de ses films- et estimait que Winston Churchill était une autre grande figure symbolique de l'histoire de leur pays. Ils ont eu raison, parce qu'au fond, Charlie et Winston ensemble, ça sonne plutôt bien!
L'artiste ?
Après un apprentissage précoce du piano et du chant, une enfance baignée, par choix personnel, d'électro, de breakdance, de pop l'amenant à se mettre au beatbox, Charlie fonce à Londres où à 17 ans, il s'inscrit en fac de musique. Il s'essaie alors à tous les genres musicaux, du rock grunge au reggae dub. Un voyage initiatique en Inde lui permet de se familiariser avec les tablas, ce que d'aucuns considèrent comme les tambours les plus complexes au monde, composés de deux fûts, un petit tambour mâle, le dâyan ou dahina et une timbale femelle, le bâyan ou bâya! De retour en europe, avant même d'atteindre vingt ans d'âge, il compose des musiques de ballets, de films et de théâtres. Puis, monte le groupe Charlie Winston And The Oxymorons, avec lequel il sortira l'album "Make Away". Sa reprise du " I'm a Man " de The Spencer Davis Group, illustrant une publicité pour la Polo Volkwagen, lui procure un début de notoriété.
En 2007, ayant tapé dans l'oeil de Peter Gabriel himself, ce dernier le contacte et lui demande d'assurer les premières parties de sa tournée. Dans la foulée, Charlie rencontre Catherine Ringer (chanteuse des Rita Mitsouko, avec qui il fera notamment un duo dans l'émission Taratata du 6 mars 2009) qui flashe sur lui et le présente au label Atmosphériques. Ces derniers lui proposent immédiatement d'enregistrer un album : "Hobo", sortit début 2009, qui va très vite séduire le grand public avec le titre "Like A Hobo". Dans sa version instrumentale, comme son clip, réalisé par son ami Mark Maggiori, chanteur du groupe Pleymo, également peintre, graphiste et plasticien, Like a Hobo se retrouvera en tête des téléchargements légaux et passera en boucle sur toutes les chaines musicales héxagonales. Car oui, le paradoxe pour cet artiste anglo-saxon, c'est que l'énorme succès qu'il rencontre est pour l'heure (encore) cantonné au territoire français, où du reste il a élu domicile! A Paris, mais oui.
Le thème de l'album ?
S'ingéniant à incarner et renouveler la saga des hobos, ces "vagabonds", sans domiciles fixes liés à la réalité historique des Etats-Unis du XIXe siècle, se déplaçant de ville en ville, le plus souvent en se cachant dans des trains de marchandises, vivant de travaux manuels saisonniers et d'expédients, travaillant l'été à l'ouest et regagnant les grandes villes de l'est en saison hivernale, itinérants mythiques célébrés de Jack Kerouac à Bob Dylan, en passant par Terrence Malick, le réalisateur des Moissons du ciel (Days of heaven, 1978), avec Richard Gere, Charlie Winston nous sifflotte un " Like a Hobo " dans une vidéo dépouillée effet caméra super 8 où on le voit déhambuler sur des routes recouvertes de poussières. Dégaine de dandy rock faussement désinvolte à galurin élimé et guitare folk déglinguée en bandoulière, il nous entraîne à sa suite arpenter décharges, désert, villages peuplés de mysfits, laissés pour compte, marginaux et autres gueules cassées attachantes, nous dressant le portrait d'une amérique profonde improvisant avec lui un pas de danse, une singerie ou un concours de lancer de chapeaux. A propos de l'album, il avoue lui-même avoir juste eu envie de parler de sa propre vie, d'exprimer ce qui est important pour lui : tracer sa propre route sans dépendre des autres.
Influences musicales ?
Blues, Jazz, Soul, Folk.... selon l'intéressé. Pas de name dropping! Faites-vous votre idée....
Pourquoi on aime ?
Pour ses chansons, des paroles d'homme " qui se veut libre, comme un vagabond, un Hobo, venu de nulle part et que rien n'arrêtera, à qui, tout petit garçon, son papa répétait " parle toujours une langue vraie! " pas de mensonges, ça empêche de se sentir libre! ". En anglais, dans le texte, et chanté par lui, ça en jette... Pour la jacket de son cd, griffonnée et illustrée à la main par lui. Pour sa dégaine... oui, on l'avoue, aussi. Son naturel, sa décontraction. Parce qu'il n'a pas la grosse tête, que ça ne le gène pas de n'être aimé (pour l'heure), uniquement que des Frenchies, qui, selon lui, sont très sensibles à l'art et comprennent très bien la mentalité et l'énergie de sa musique (ça sent la demande de naturalisation ça....)! Qu'il s'en fout de ne pas être populaire dans son propre pays, car pour lui, la gloire n'est qu'une illusion, qu'une mode, " le problème avec la gloire étant que l'observateur devient l'observé et que ça finit par lui boucher la vue "! Il y en a plus d'un qui pourrait méditer... Pour Charlie, un artiste est une personne qui part d'un angle personnel pour dire quelque chose du monde! Voilà.
On aime aussi pour l'ambiance qu'il recrée, parce que même sans comprendre tout ce qu'il dit, (en anglais...), on ressent très bien ses émotions, on y accède directement grâce à sa voix et son énergie. On aime sa pop-folk-blues sifflotée, bien balancée. La richesse des instruments utilisés: violon, violoncelle, trompette, trombone, percussions, guitare, piano, tuba, basse, harmonica, il ne recule devant rien Charlie, le tout s'harmonisant, ou venant se contredire, achopper parfois, instruments contre instruments, pour parler la langue à la fois nostalgique, mélancolique, crue et incroyablement gai, fantaisiste des Hobos du monde entier... Ceux que quelque part, nous ne pouvons manquer d'être. Un peu au moins!
Hobo, Charlie Winston, 14,99 euros et 3,99 euros le single Like a Hobo. Ou se procurer l'album ? www.fnac.com
En concert à travers toute la France de fin septembre à fin novembre 2009. Pour réserver vos places cliquez-ici !
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