Le dernier album de Coldplay, « Viva la Vida », épine dorsale de la tournée mondiale du même nom qui voit le groupe sillonner une vingtaine de pays par an depuis deux ans, reflète naturellement la maturation actuelle du groupe, tant musicalement que pour ce qui est des thématiques de ses lyrics.
« La Liberté guidant le peuple » de Delacroix illustre la pochette de l'album et son titre a été inspiré par les mots « Viva la vida » (« Vive la vie » ou « Long live life ») écrits par la peintre mexicaine Frida Kahlo en 1954 sur son ultime tableau, une nature-morte (qui se dit d'ailleurs à l'inverse still-life en anglais) représentant des pastèques découpées et dont ces mots sont gravés sur l'une des tranches (de vie ?). Cette grande artiste connut une fin de vie difficile et les dernières lignes de son journal intime furent « J'espère que la sortie sera joyeuse... et j'espère bien ne jamais revenir. Frida. ».
Ces thèmes de l'appétit de vivre, de la liberté, mais aussi de la résignation et de la chute sont récurrents dans ce dernier album de Coldplay, dont l'écriture a d'ailleurs débuté lors de leur tournée en Amérique du Sud en 2007. Les thématiques sont ainsi proches des cultures latines et tendent naturellement à l'universel, mêlant l'incertitude, l'inquiétude, l'adversité, les désillusions, le découragement, la perte, le temps qui passe, la nostalgie, mais aussi la formidable vitalité de l'existence, la volonté, la liberté, l'action, l'espoir, le bonheur presque possible et semblant pourtant si inaccessible.
D'un point de vue formel, correspondant aux méandres du fond thématique, et d'après le groupe lui-même, les lyrics sont « beaucoup plus abstraites, plus visuelles que par le passé », et les compositions musicales « moins évidentes, plus obliques ». En prenant sans doute consciente de la nécessité d'évoluer par rapport au style efficace et très (trop ?) reconnaissable de leurs trois premiers albums, Coldplay a donc pris le risque (salutaire) de la diversité, de l'ouverture, de l'imagination. N'est-ce pas ce bon docteur Coué (celui de la méthode du même nom) qui affirmait que « ce n'est pas la volonté qui nous fait agir, mais l'imagination » ?
Pour la stimuler, le groupe a enregistré « Viva la Vida » dans « une boulangerie, un couvent de religieuses, une boutique de magie, une église », précise le livret de l'album. On sait aussi que ces lieux d'enregistrement particuliers se sont situés à Londres, New York, ainsi qu'à Barcelone. Et que le son qui en est sorti mélange des sensations très groove, basées sur des variations dans la répétition des trames rythmiques, des envolées d'orgues, de piano (bien sûr Chris fait aussi du Martin), mais aussi de musique orientale, de rythmes latino, flamenco, et également d'accents celtiques, nordiques, qui font osciller en permanence l'atmosphère de l'album du sirocco aux froideurs hivernales, soufflent en permanence le chaud et le froid.
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