Interview Nicolas Ullmann : l'homme cent têtes !

En parallèle à cette activité, faisiez-vous de la musique?

Non, je n'avais plus du tout le temps. Ca me démangeait, me manquait, alors, au bout d'un moment, j'ai demandé aux propriétaires du Baron de me laisser programmer quelques soirées, des concerts, avec des groupes. J'essayais d'amener les chanteuses avec qui je jouais à mes débuts, Adrienne par exemple. Adanowsky aussi. En parallèle, je faisais aussi des soirées chez moi. Dans 35 mètres carré! On pouvait être jusqu'à une soixantaine. On se retrouvait tous après une soirée, un diner. Paradoxalement, puisque j'y travaillais, je n'aimais pas trop les boites de nuit, chères, où on ne s'entendait pas, pas très conviviales, la musqiue y étant à chier.... Je ne parle du Baron, mais des boites de nuit en général. En boîte, à l'époque, le quart d'heure rock c'était ACDC, Lenny Kravitz, les Rolling Stones, et après tu pouvais te rassoire.... Donc, mes amis, appréciaient de plus en plus ces soirées privées chez moi et ont finit par me dire : « Mais tu devrais organiser des soirées en boîte comme chez toi! ». Du coup j'ai lancé le concept et me suis dit que j'allais faire mes soirées de mes rêves, tout ce que je voudrais vivre en tant que client, comme en Angleterre par exemple, où la fête avait un vrai sens... les gens chantaient, se déguisaient, écoutaient du rock, de l'easy-listening... La fête avait du sens! A Paris, ça ressemblait à rien, à des After-Works. Les gens s'habillaient comme en sortant du bureau, dansaient sur de la musqiue pourrie, et rentraient chez eux avec n'importe qui! J'ai essayé dans mes soirées en boite d'apporter un côté un peu plus artistique, humain. Des groupes aussi, que je découvrais et lançais sur scène. J'ai développé mon rôle de découvreur de talents. Sans vraiment m'en rendre compte, en me disant: « si ces groupes me plaisent, ils plairont à mes amis!  Et à mes clients...». Ca a fonctionné, puisque j'ai ensuite était approché par une maison de disque, celle de Marc Lombroso, et je suis devenu Scout Talent. Quand je dis que je m'éparpille, il suffit qu'on me dise : « tiens tu veux pas faire ça? », si ça me plaît, je dis ok! Je n'ai aucun complexe, et je me lance, bille en tête!

Ca vous plaisait?

Dans un petit label, ça m'aurait plu. Marc était quelqu'un de super, mais il fallait que se soit commercial, accessible au public français. Donc, les groupes anglais par exemple, c'était pas possible. C'était trop limité pour moi. Au début, découvrir des petits groupes, ça me plaisait. Mais quand Marc a commencé à vouloir faire de l'édition, à choisir des chansons pour des artistes français... je me suis dit que c'était pas mon truc, et ce malgré mon ouverture musicale! J'ai été un bon découvreur car tous les groupes que j'ai découvert volent aujourd'hui de leur propres ailes, sur la scène française, et internationale! Les gens, en parlant de l'époque, disent: « ah oui, les soirées d'Ulmann, c'était un peu le CBGB (ndlr: club underground mythique new-yorkais des années 70) des nuits parisiennes....! ». C'était les mêmes sensations! Même si mes découvertes n'étaient pas Iggy Pop, Blondie... n'empêche! J'aimerais d'ailleurs, dans l'avenir, faire une expo des photos de tous ces moments là... un peu comme le CBGB a fait un magnifique livre noir et blanc de portraits de cette époque,  afin de voir, comment nous avons tous évolués depuis ces fêtes mémorables! Un peu comme des photos de classe... sans prétention aucune, se sont des instantanés, mais se sont des photos vivantes!

Quid de la comédie?

Dans mes soirées, j'étais un peu le monsieur Loyal du groupe! J'accueillais les gens chez moi, je faisais des soirées conviviales, à thèmes. Par exemple, à Noël, j'adore Noël! J'adore faire la fête, fêter Noël à l'américaine. En famille, ça me déprimait, parce que ça se finit toujours mal, mais des fêtes de Noël entre amis, oui! J'assume complètement mon côté fleur bleue. Mettre un petit sapin, des montagnes de cadeaux, des chants de noël... Tous les grands artistes rock ont fait un disque de chants de Noël, Billy Idole, Franck Sinatra, Brian Setzer... tous les crooners ont fait un disque de chants de Noël. Avec mes amis à la maison, je me fais donc le plaisir de sortir tous mes disques rock de Noël, et non pas ceux de Tino Rossy par exemple!

Vous assumez pleinement votre côté « kitsh » au sens noble du terme?

Tout à fait! J'adore le kitsh c'est vrai, je me sens très proche de quelqu'un comme John Waters par exemple. J'aime le mauvais goût, je collectionne tout un tas d'objets, bizarre.... comme lui.

 Après le passage « Talent Scout », qu'avez vous fait?

Il y avait toujours mes soirées, en boite de nuit. J'en ai profité pour exploiter mon expérience de comédien, et mon goût pour le déguisement... J'adore Peter Sellers, aujourd'hui Sacha Baron Cohen, certains m'appellent le Borat parisien d'ailleurs depuis que le film est sorti... Toute l'équipe du Saturday Night Live aussi, Steve Martin, Eddy Murphy, Will Ferrell, Ben Stiller, tout ces gens qui ont un goût prononcé pour le déguisement. Je me suis dit : « si ça marche en appart, ça va marcher en soirées! ». Donc, le Monsieur Loyal de mes soirées privées, je l'ai emmené se produire en ville... Dans mes soirées, j'inventais des personnages. Je choisissais des personnages qui m'inspiraient, héros de films, chanteurs, ou alors totalement inventés! Au début, les gens ne me reconnaissaient pas, et puis petit à petit, dans mes soirées au Baron les gens attendaient le nouveau groupe de musique que je programmais et le personnage que j'avais créé pour présenter la soirée.  Mes patrons du Baron, ont ouvert un nouveau lieu : le Paris Paris. Ils m'ont donné carte blanche pour deux soirées dans la semaine. J'ai crée le Kabarock, tous les mardis et par la suite le Kararocké, le dimanche soir. Un groupe de rock se produisait sur scène, autour duquel j'animais, en me déguisant 5 ou 6 fois, la soirée. Mais, c'était les gens qui étaient les vrais héros, car c'est eux qui chantaient, leur karaoké, sur scène avec un vrai groupe! J'aime que les gens soient acteurs de la soirée....