Femmezine : C'est peut-être ce qui fait l'universalité de vos livres qui sont traduits et exportés dans beaucoup de pays?
Marc Lévy : Si vous écrivez une histoire sur votre nombril, le périmètre d'intérêt est restreint. Je ne dis pas qu'il n'est pas intéressant, mais il intéressera sans doute moins de gens.
Femmezine : L'humain reste-t-il toujours au coeur de vos préoccupations au milieu de ces grandes fresques épiques?
Marc Lévy : J'essaye en tout cas. Je n'ai aucune prétention. Je me vois avant tout comme un artisan, mais j'essaie avec chaque livre de m'améliorer. Le bonheur c'est aussi d'apprendre à chaque ouvrage. D'essayer de rectifier ses erreurs. D'en faire d'autres. Tant mieux si la psychologie de mes personnages plaît.
Femmezine : Comment nourrit-on justement la psychologie de ses personnages? De soi, de sa vie, des autres?
Marc Lévy : De soi, mais ça peut vite devenir égocentré. Alors plutôt de l'attention que l'on porte aux autres. Le métier d'écrivain nécessite d'écouter, beaucoup, d'être attentif aux détails, qui vous disent plein de choses sur les gens. J'adore regarder. Quand j'étais petit, je regardais les fenêtres des immeubles, et j'essayais d'imaginer ce qui se passait derrière les murs, comment vivaient les gens. Aujourd'hui, dans un lieu public par exemple, je suis toujours très attentif à ce qui se passe autour de moi. J'étudie les postures, les attitudes, les gestuelles, les visages, tout cela dit beaucoup de quelqu'un.
Femmezine : Il y a ce qui se montre et ce qui ne se montre pas, la part obscure de chacun qui échappe au regard. Elle vous intéresse cette part obscure des êtres humains?
Marc Lévy : Oui, mais à mon avis, l'important dans un roman, c'est de la respecter justement cette part obscure. Pas forcément de la jeter en pâture à la face du monde. Ce qui est très intéressant lorsqu'on écrit un roman, c'est d'avoir cohabité longtemps avec un personnage, et de savoir des choses que l'on ne livre pas à son lecteur. Je n'explique pas toutes les réactions de mes personnages, même si leur vérité, je la connais. C'est comme dans une interaction humaine. Il faut des années et des mois de rapports, de relations, de construction, pour connaître quelqu'un. Je ne livre pas tout ce que je sais de mes personnages dans mes livres, je n'explique pas toutes leurs réactions. Il y a du non dit, du mystère aussi. Tout n'a pas besoin d'être dit, écrit pour être su.
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