C'était un livre important pour vous ?
Oui, au départ, c'était un livre que je devais faire avec Philippe. C'était notre histoire à nous deux, je me faisais une joie de le faire avec lui, de le faire paraître, de faire les émissions ensemble. Lorsque le livre a été fini, il était encore en vie. Mais, quand il est parti, moi je n'avais plus envie de le faire paraître. Le projet de livre est resté un an comme ça. Et il serait encore dans un tiroir si un jour, sa femme ne m'avait dit « fais-le paraître, fais-en quelque chose ». C'est pour cela que deux ans après sa parution, je continue de l'accompagner. Après-demain, je vais par exemple faire une dédicace à Saint-Malo. C'est une des façons que j'ai de garder un lien avec Philippe.
Cela ne doit pas être facile de perdre quelqu'un avec qui l'on partage une vraie amitié en même temps qu'un projet artistique. Cela vous est également arrivé lorsque vous étiez en plein tournage lors de la disparition de Claude Berri. Comment cela c'est passé ?
Il était déjà décédé lorsque je suis arrivé sur le tournage de son film. Je ne le connaissais pas personnellement, je ne lui avais parlé qu'une fois dans ma vie. Il avait demandé à me rencontrer, on s'est parlé, et je lui ai dit « ok, ça vaut le coup de le faire, j'accepte le rôle ».
C'est toujours l'humain, la rencontre avec l'autre, qui va vous motiver à faire des choses.
J'ai déjà fait une seule scène dans un téléfilm parce que j'avais envie de jouer avec Michael Lansdale. Vous savez, j'ai plus un plan de vie qu'un plan de carrière. Le plan de carrière, je m'en fous. Mon plan de vie, en gros, ça se résume à être le plus heureux possible.
Et vous êtes heureux ?
Pas totalement, non, j'essaie de ne pas être malheureux en tout cas.
Et le fait de changer de réalisateur en cours de tournage, cela ne vous a pas posé de problème, puisqu'à la base, c'était pour Claude Berri que vous l'avez fait ?
Cela m'a beaucoup touché que Claude Berri ait envie de me rencontrer. Je pensais que cet homme ne me connaissait même-pas. On a parlé de Michel Simon, du « Vieil homme et l'enfant », ça m'a touché. Mais sur le tournage c'est François Dupeyron, que je connaissais également, qui a finalement réalisé les scènes dans lesquelles je joue. J'aime beaucoup son travail. Alors, ça s'est bien passé. La rencontre avec Nathalie Rheims, la compagne de Claude Berri, a été forte. Et puis tourner avec Alain Chabat, avec qui j'avais toutes mes scènes, m'a plu. Donc, au final, c'est un bon souvenir, malgré tout.
Est-ce que vous avez des envies de tourner avec certains réalisateurs, est-ce que ça se fait d'aller vers ces personnes lorsque l'on est acteur ?
J'en parle aussi dans le livre avec Philippe... On se disait que l'on devrait joindre les gens, leur dire que l'on a envie de travailler avec eux. Mais moi je ne l'ai jamais fait.
Pourquoi ? Par pudeur ?
Ce n'est pas dans ma nature. S'il faut faire l'article... moi je n'ose pas. Je me dis que si on ne vient pas vers moi, c'est que l'on ne m'aime pas. C'est pour cela que je suis très touché à chaque fois que l'on me demande pour un rôle. Les réalisateurs savent que c'est eux qui décident de toute façon. Malheureusement, de moins en moins seuls. C'est de plus en plus des histoires de sous qui font ou non les films. J'en parle de tout cela dans mon livre de discussions avec Philippe Noiret. Il y raconte par exemple que Bertrand Blier avait un projet avec lui et Jean-Pierre Marielle, et que le projet ne s'est pas fait parce que cela n'a pas pu être financé ! Un comble...
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