Donc l'envie de chanter est venue à travers l'écrit d'abord, par le texte, le rapport à l'écriture ?
L'écriture, ça a commencé avec un livre de conversations écrit avec Philippe Noiret. Puis, après, j'ai écris régulièrement pour « L'Equipe », le magazine, où on m'a donné chaque mois une carte blanche. Je partais d'une sensation, d'une image, d'une couleur, et j'écrivais un texte. Par la suite, on m'a demandé de refaire d'autres entretiens avec des acteurs et des réalisateurs. Mais j'ai refusé parce que ça n'avait plus de sens. Avec Philippe, ça avait du sens.
Se sont toujours des coups de cœur qui vous motivent à la base, initient un projet artistique ?
Oui. Et ça passe toujours par quelque chose à dire à un moment qui peut passer par le cinéma, l'écriture, aboutir à un film, un livre, une chanson... Je ne sais pas si après ce premier album j'aurai envie de refaire un disque un jour par exemple.
Ecrire, est-ce que cela revient à échapper à une certaine « passivité » de l'acteur ? Etre acteur, c'est dépendre du désir des autres, d'un réalisateur, attendre qu'il y ait une proposition, ce qui n'est pas spécialement confortable comme situation ?
Ce n'est pas confortable parce que ce soir, si j'ai envie de jouer au théâtre, je ne peux pas ! Je ne suis pas programmé. Si j'ai envie de boire un coup, je bois un coup. Mais, si j'ai envie de faire du théâtre ou du cinéma, là, maintenant, je ne peux pas.
Mais là, maintenant, vous pouvez écrire, une chanson, une nouvelle, une brève dans un magazine...
Oui, mais lorsqu'on écrit, on dépend aussi du désir des autres finalement. Parce que si j'écris, je ne suis pas forcément publié. Or si j'écris c'est pour être lu, ou pour être entendu aussi avec une chanson.
Dans ce disque, vous parlez de quoi ?
Je parle du monde tel qu'il est, de mon enfance, de mon village, de la famille, des relations à deux, amoureuses. De l'idée de fuir, de se barrer aussi. Il y a des moments justes poétiques, enfin je l'espère !
Lorsque l'on écrit ou que l'on chante ses propres mots, on se livre plus que quand on fait l'acteur ?
Non, on peut se livrer autant voire plus quand ce sont les mots des autres et non les siens. Ça dépend des moments de la vie. A tel moment de ma vie je me livrerais plus en disant les mots de Becket qu'en disant les miens. Mes mots sont pauvres à côté de ceux des grands poètes. C'est vraiment des rapports de proximité, de désir, d'envie.
C'est une chance d'avoir ces différentes cordes à votre arc ?
Une chance, je ne sais pas. Parfois, ça passe surtout par un travail laborieux, et je ne dirais pas que cela relève de la chance. Je me souviens par exemple de la difficulté à mettre en page formellement le livre que j'avais écrit avec Phillippe Noiret. Il est parti juste au moment où il fallait donner une structure au texte, choisir des photos, alors je me suis retrouvé seul à porter ce projet. Lorsque je m'y suis mis, un an après, faire ça sur l'ordinateur me rendait complètement dingue. Je voulais tout contrôler, les photos, la couverture, les textes. Alors, j'ai installé toutes les feuilles du manuscrit par terre devant moi, j'avais besoin de les avoir physiquement étalées devant moi. J'ai fais une version et j'ai fini par dire à Flammarion « soit vous le prenez comme ça, soit on laisse tomber, mais je ne veux pas entrer dans des corrections à n'en plus finir ».
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