C'est le cas pour toutes les œuvres, et tous les artistes.
Oui. C'est là la différence entre les amateurs et les professionnels. Le professionnel sait qu'il doit s'arrêter, même si l'œuvre n'est pas parfaite. Cette imperfection fait que l'œuvre est vivante, si elle était parfaite elle serait morte. Lorsque j'ai relu « Les fourmis », je me suis dit : « ah ! Je vois comment l'améliorer... ». J'aurais pu faire ça toute ma vie en fait, être l'homme d'un seul roman que je n'aurais jamais cessé d'améliorer pendant vingt ans. C'est peut-être ce que je fais du reste... améliorer « Les fourmis » mais avec d'autres livres, raconter ce premier livre avec d'autres histoires autour, d'autres personnages, de plein de manières différentes. C'est peut-être ce que font tous les écrivains. Ils ont un projet de livre parfait qu'ils cernent avec plein de livres, d'œuvres. Tous les artistes font ça d'ailleurs !
Pourquoi vous imposez vous les contraintes que l'on vous connait pour écrire ?
Une sortie tous les 1er octobre chaque année, et écrire tous les jours de 8h à 12h, chaque matin. Les contraintes sont bonnes pour la création. Si on se laisse aller, on se dilue dans le temps. Là, tout est organisé, il y a un moment où je dois rendre mon manuscrit, un autre où je choisis la couverture, un autre temps pour la promotion, puis pour poser l'idée, etc. Tout ça trouve une sorte d'architecture dans mon année, et je ne suis pas perdu. Sinon, ma recherche de perfection ferait que je rendrais un livre tous les 3 ou 4 ans.
Comment faites-vous pour sortir un livre tous les ans ?
J'écris beaucoup de nouvelles, tous les jours. C'est un peu comme des gammes pour un pianiste, je travaille ainsi ma technique de création d'histoires. Derrière chacun de mes livres, il y a un jumeau mort-né, un autre roman, sur un autre sujet, l'un s'impose comme une évidence et je laisse tomber l'autre. Mais il peut resservir plus tard. J'ai des sortes de livre à l'état de squelette, avec quelques organes, des monstres. « Le miroir de Cassandre » était le jumeau mort-né de « Nous les Dieux ». Le livre de Cassandre, j'ai décidé de le ressortir, de le faire évoluer. Ecrire, c'est un travail de créateur, et en tant que créateur je ne suis pas sûr de moi. Avoir deux livres en route cela me permet de choisir, de sentir celui que je vais avoir le plus de plaisir à développer, qui est le plus dans l'air du temps.
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