Life in technicolor
« Life in technicolor » ouvre l'album sur un instrumental. Les paroles n'ont été publiées que dans « Life in technicolor II » sorti fin 2008 sur l'EP « Prospekt's March » essentiellement composé de chansons qui n'ont pas été retenues par Coldplay pour figurer sur « Viva la Vida » ou qui ont été terminées après sa sortie.
Ce morceau introductif est particulièrement révélateur. Il est teinté de menaces, de violence (« There's a cold war coming », une guerre froide arrive ; « Baby it's a violent world », bébé c'est un monde violent ; « Time's a loaded gun », le temps est une arme chargée). C'est aussi un appel à l'aide (« Oh love don't let me go », mon amour ne m'abandonne pas) où l'espoir est encore présent (« Still it's such a beautiful night », c'est encore une si belle nuit ; « Every road is a ray of light », chaque route est un rayon de lumière) ainsi que la liberté.
C'est l'un des thèmes récurrents de « Viva La Vita », cette vision très sartrienne de la liberté, issue de la conscience des contraintes qui nous déterminent, cette liberté transcendantale de l'ego qui est rendue manifeste par l'imagination, et cette affirmation que pour qu'une conscience puisse imaginer il faut qu'elle échappe au monde par sa nature même, il faut qu'elle puisse tirer d'elle-même une position de recul par rapport au monde, en un mot il faut qu'elle soit libre : « Gravity release me, now my feet won't touch the ground », la gravité me libère, maintenant mes pieds ne toucheront plus le sol.
Ces expressions reviennent sans cesse dans l'album.
Cemeteries Of London
« Cemeteries Of London » est un chant aux accents celtiques et à l'atmosphère nébuleuse, gentiment gothique, une grande ballade nocturne sous les cieux londoniens, mélancolique et surnaturelle, peuplée de fantômes, de sorcières et d'esprits maudits, une recherche de sens : « Through the dark streets they go searching to see God in their own way », à travers les rues sombres ils partent en quête pour voir Dieu de leur propre façon.
Cette recherche spirituelle s'avère néanmoins vaine et ne parvient pas à obtenir de réponse, ou du moins ne parvient pas à en interpréter les signes : « I see God come in my garden, but I don't know what He said » je vois Dieu entrer dans mon jardin, mais je ne sais pas ce qu'Il dit. La raison en est peut-être certains démons intérieurs : « For my heart it wasn't open » pour mon cœur ce n'était pas ouvert ; « There's no light over London today », il n'y a pas de lumière sur Londres aujourd'hui. Mais demain qui sait ? Ah l'espoir...
Lost !
« Lost! » est une chanson plus sombre encore, résignée, émouvante, qui prend à contre-pied l'idée que l'espoir dure, encore et toujours, et que ce qui ne tue pas rend plus fort, que l'action est un levier inépuisable de l'Homme, envers et contre tout et tous. Oui, certes, l'espoir et l'action sont inhérentes à la condition humaine, mais avec cependant parfois comme limites, la finitude de l'envie de continuer, celle du temps et des ressources de le faire, la reconnaissance de l'échec. Et enfin la nécessité de vivre alors avec cet échec, coûte que coûte.
« Just because I'm losing », Juste parce que je suis entrain d'échouer,
« Doesn't mean I'm lost », ça ne signifie pas que je sois perdu,
« Doesn't mean I'll stop », ça ne signifie pas que je vais arrêter,
« Doesn't mean I will cross », (mais) ça ne signifie pas que je vais continuer.
« Just because I'm hurting », Juste parce que je vais mal,
« Doesn't mean I'm hurt », ça ne signifie pas que je suis atteint,
« Doesn't mean I didn't get what I deserve », (mais) ça ne signifie pas que je n'ai pas eu ce que je mérite.
« No better and no worse », ni en mieux, ni en pire.
« I just got lost », j'ai juste échoué.
« Every river that I've tried to cross », chaque rivière que j'ai tenté de traverser,
« And every door I ever tried was locked », et chaque porte que j'ai essayée était vérouillée.
« And I'm just waiting till the shine wears off... », j'attends juste jusqu'à ce que l'éclat [de la vie ?] disparaisse.
42
« 42 » prolonge le thème abordé par « Cemeteries Of London », proposant un univers fantasmagorique qui pourrait symboliser les limbes, c'est-à-dire ce lieu intermédiaire à la bordure de l'enfer et du paradis, où certaines âmes sont prisonnières, ou bien encore le purgatoire où l'âme suit, après avoir été jugée, un processus de purification avant d'entrer au ciel : « You thought you might be a ghost ; You didn't get to heaven but you made it close », tu pensais que tu pouvais être un fantôme ; tu n'es pas arrivé au paradis mais tu en étais proche.
Est évoquée ainsi clairement une croyance mystique en une forme d'existence après la mort : « Those who are dead are not dead, They're just living in my head », ceux qui sont morts ne le sont pas, ils vivent juste dans ma tête ; « Time is so short and I'm sure there must be something more », le temps est si court que je suis sûr qu'il doit y avoir autre-chose.
Lovers In Japan
« Lovers in Japan » se rebelle contre le poids des apparences, des conservatismes, de l'autorité, contre les voies toutes tracées, contre le destin : « Sometimes even right is wrong », parfois ce qui parait juste est dans l'erreur. D'autant plus que ces systèmes autoritaires sont basés sur l'humiliation : « Keeping my head down, to see what it feels like now », gardant ma tête baissée, pour voir ce que ça fait maintenant.
Cependant dans tout système de cette nature, l'espoir, l'imagination, les rêves, les utopies, luttent encore : « But I have no doubt, one day, we are gonna get out, dreaming of when the morning comes, one day the sun will come out », mais je n'ai aucun doute qu'un jour nous nous en sortirons, rêvant à quand le matin arrivera, un jour le soleil apparaitra.
Yes!
« Yes! » est dans la veine de « Lost! ». On y trouve l'espoir (« When it started we had high hopes ; When it started we were alright... », quand ça a commencé nous avions de grands espoirs, quand ça a commencé nous étions bien...) ainsi qu'une forme de volonté de s'en sortir : « God, only God knows I'm trying my best », Dieu, Dieu seul sait que j'essaie de mon mieux.
Cependant, très vite cette tentative d'action est confrontée à l'adversité, aux désillusions (« Now my back's on the line, my back's on the ropes ; night makes a fool of us in daylight », maintenant mon dos est acculé sur la ligne, mon dos est dans les cordes ; la nuit s'est moqué de nous comme en plein jour), avec les tentations et les frustrations qui les accompagnent : « We were dying of frustration », nous étions entrain de mourir de frustration ; « It's not easy when she turns you on », ce n'est pas facile lorsqu'elle t'allume.
Finalement, ce qui l'emporte c'est le constat que l'on est seul (« I've become so tired of this loneliness », je suis devenu si fatigué de cette solitude) et qu'on ne peut qu'implorer quelques miettes de bonheur : « If you'd only, if you'd only say yes... », si tu pouvais seulement, si tu pouvais juste dire oui...
Eh oui, si seulement...
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