Les moyens utilisés :
Des interviews et images chocs, certains raccourcis, l'absence de mise en perspectives et d'informations concrêtes : la prévention est-elle efficace ? Les violences conjugales, les décès concomitants, sont-ils en hausse ou en baisse depuis deux ou trois décénnies ? La sensibilisation de la police à ce sujet et les formations spécifiques (depuis plus de 20 ans au Canada par exemple) qui sont présentées dans le film, ont elles porté leurs fruits, déjà eu des résultats concrêts, sur le terrain? D'aucuns reprocheront aussi certains portraits d'hommes « caricaturaux ». En même temps, ils existent... le film a le mérite de nous le rappeler et ces personnages n'ont pas été piégés par le réalisateur en caméra cachée. Ils assument du reste tous pleinement leurs propos. Par ailleurs, la fin (réveiller les consiences, remettre sur la table un vrai grand problème de société que beaucoup de nos contemporains préfèrent éviter, étouffer sous un mouchoir au fond d'une poche) justifie sans doute ces moyens, qui ne font certes pas toujours dans la dentelle.
En conclusion :
Allez le voir ! Absolument. Rapidement. Parce qu'il remue en profondeur. Parce que longtemps après le choc des images et des témoignages, et parfois un sentiment de malaise durant le visionnage, le message passe et continue de passer, de nous habiter, des heures après, nous obligeant à nous questionner nous-même sur nos valeurs, notre mode d'être au monde, nos rapports homme/femme, sur ce que nous transmettons consciemment ou non à nos enfants. Et puis aussi, parce qu'il ne restera pas longtemps en salle, de l'aveu du réalisateur lui-même, face à la levée de boucliers, voire d'insultes et de menaces, que la diffusion de son film à provoqué. Pour conclure, une citation de Pierre Bourdieu : « La domination masculine est tellement ancrée dans nos inconscients que nous ne l'apercevons plus, tellement accordée à nos attentes que nous avons du mal à la remettre en question. Plus que jamais, il est indispensable de dissoudre les évidences et d'explorer les structures symboliques de l'inconscient androcentrique qui survit chez les hommes et chez les femmes. Quels sont les mécanismes et les institutions qui accomplissent le travail de reproduction de « l'éternel masculin » ? Est-il possible de les neutraliser pour libérer les forces de changement qu'ils parviennent à entraver ? ». A cette question, ce film répond : oui. Nous aussi. Maintenant, à vous de juger.
La domination masculine. Un film de Patric Jean. En salle depuis le 25 novembre, mais pour combien de temps encore...?
La domination masculine. Un livre de Pierre Bourdieu, 1998, 134 p., Editions du Seuil.
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