Un livre nerveux, enlevé, à l'écriture inquiète, hâletante, retraçant le récit (autobiographique) de Chloé Alifax, 25 ans, femme de ménage dans un centre pour enfants à tendance suicidaire. Un ouvrage prenant, captivant, écorché, sans emphase, sans effet de manche ni de style.
Un récit dans lequel la narratrice nous emmène avec elle à la rencontre d'enfants différents, quatre gamins, quatre « tête de pipes , quatre petits gosses oubliés de tous, qui essaient de survivre malgré leurs blessures, leurs névroses, et à qui Chloé essaient de redonner le sourire, un peu de son temps, un peu de sa compréhension. Un voyage au long cours dans sa tête à elle, là où tout n'est pas tout à fait bien rangé. Une névrose personnelle, obsessionnelle. Une fracture initiale autour de laquelle avec la narratrice, nous tournons, en essayant de dénouer les échevaux. Une faille dans une enfance fracturée elle aussi, d'où naquit cette petite musique intérieure étrange, différente, un peu schyzophrène aussi, de Chloé, en harmonie avec celle des enfants dont elle s'occupe. Le rythme nous permet de saisir ce qui se passe dans un esprit ne fonctionnant pas comme le notre, riche d'autres repères, d'autres formes de raisonnements, d'autres musicalités, d'autres couleurs.
Et pourquoi pas ? Pourquoi ne pas s'intéresser à d'autres façons de voir le monde, d'autres chambres inétrieures, d'autres arc-en-ciel, d'autres plafonds et d'autres ciels mentaux ? Une lecture qui vaut vraiment le détour et nous emmène dans un voyage plein de fantaisie, d'une grande poésie, en même temps que d'une grande simplicité, sensibilité et violence cathartique parfois, bien loin du maniérisme ou de la langue de bois en usage, nous obligeant à changer notre regard et dont on ne sort pas indemne.
« Saleté ! » De Chloé Afilax, Stéphane Million Editeur, 231 pages, 17 euros. Sortie : Février 2010.
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